apothicaire L'écriture d'un récit, quelques conseils

Se vacciner contre l'écriture banale :

Étape N°4 : la technique du récit

 

Le plan d'un texte est très semblable à celui d’un travail scolaire.


Introduction : Le prologue (exposition, présentation).
L'action est en germe ou déclenchée artificiellement (incident). Un personnage s'adresse indirectement au spectateur (confident, voix hors-champ, interrogatoire) ou retour en arrière sur la vie du personnage sous forme documentaire. Le prologue doit provoquer une attente. Un déclencheur (évènement, faute in / volontaire) d'une série de conséquences malheureuses ou heureuses va engendrer un enjeu et un objectif.

Situer le décor, l'ambiance, éventuellement les personnages mais, contrairement à une dissertation, ne pas dévoiler votre plan.


Développement : Paragraphe par paragraphe (une idée par paragraphe), guidez le lecteur dans votre stratégie.

Intégrez des obstacles, conflits, résolution ; intrigues secondaires ; une difficulté croissante, crise, relance, obstacle décisif, la réussite de l'objectif ou l'échec.

Soignez votre style.

Dénouement et conclusion :

Résolution des conflits, de la tension. Il montre les conséquences de la réussite ou de l'échec de l'objectif et apportent des réponses aux questions restées en suspens.

La conclusion ne doit pas fermer votre propos. Ouvrez habilement sur l’avenir. 

 

Pour nous résumer :
Il n’est pas de notre propos de donner toutes les solutions possibles pour progresser en écriture. En ce domaine, pas de potion miracle.

Dans la mise en pratique proposée, nous nous attacherons, dans un premier temps, à décortiquer l’anatomie d’un texte pour y observer son squelette puis son habillage, à souligner les points forts qui mettent les points d’ancrage en valeur et guident le lecteur dans le récit.

 

Mise en pratique N°1

      Étudiez le texte proposé et repérez sa construction

LE PLAN DU TEXTE PROPOSÉ :

INTRODUCTION (prologue) : mise en place de l’action
DÉVELOPPEMENT :
Paragraphe N°1 : Tilos le jeune pêcheur très pauvre
Paragraphe N°2 : Tilos trouve une grosse perle
Paragraphe N°3 : Tilos vend la perle au capitaine du Poséidon
Paragraphe N°4 : Le roi rachète la perle et la donne à sa fille
Paragraphe N°5 : La princesse veut connaître l’histoire de la perle
Paragraphe N°6 : la princesse s’échappe du palais et embarque sur le Poséidon
Paragraphe N°7 : Le bateau arrive dans le port de Tilos
Paragraphe N°8 : La princesse rencontre Tilos et le miracle se produit.
Paragraphe N°9 : Tilos rachète le Poséidon et ramène la princesse chez son père
Dénouement final et CONCLUSION : le mariage de Tilos et de la Princesse

 

LA PERLE MAGIQUE
  

tilos pecheur

Survolez les zones surlignées pour voir apparître les repères de rédaction.

INTRODUCTION 


Sur Amorgos, petite île sauvage et râpée de la Mer Égée, habitée par des fermiers et quelques pêcheurs, la vie était très difficile et tous étaient très pauvres, surtout les pêcheurs pour lesquels la mer n’est pas toujours clémente.


  

tilos barque peche

 

PARAGRAPHE 1

Mais le plus pauvre était assurément le plus jeune d’entre eux : Tilos. Il n’avait pour seul bien qu’une vieille maison de pierre et une petite barque de pêche que lui avait laissées son grand-père. Avec beaucoup de courage, il avait retapé « Skinoussa », puis l’avait peinte de belles couleurs vives. Chaque soir, quel que soit le temps, il quittait la baie de Katapola, contournait le cap majestueux qui en gardait l’entrée pour aller poser le vieux filet que lui avait donné un autre pêcheur.

 

PARAGRAPHE 2

Chaque matin, lorsqu’il relevait son filet, il ne pouvait dégager qu’une vingtaine de poissons, Juste assez pour qu’il se nourrisse et récupère un peu d’argent pour réparer le toit de sa maison. Il savait que jamais il ne pourrait se marier, il était bien trop pauvre.
Un matin, parmi les rares poissons encore frétillants, Tilos vit un coquillage, un étrange coquillage comme il n’en avait encore jamais vu. Une sorte d’huître plate recouverte d’algues.

tilos huitre

 

PARAGRAPHE 3

Intrigué, il l’ouvrit et, là, étonnement, l’huître contenait une belle perle d’un éclat presque surnaturel. La garder n’eut pas été sage, il avait tellement besoin d’un beau filet neuf. C’est pourquoi Tilos montra sa trouvaille au Capitaine de « Poséidon », une grande goélette ancrée dans la rade. Il se retrouva avec quelques belles pièces d’or dans la main, bien assez pour acheter un grand filet, retaper sa maison et se vêtir décemment. Il oublia vite la pêche miraculeuse qui lui avait procuré un peu d’aisance et continua à aller poser son filet le long de la côte, de l’autre côté du cap. Ce que Tilos ne savait pas, c’est que cette perle était magique et que quiconque la porterait ne saurait aimer uniquement celui qui l’avait extraite de sa coquille.

 

PARAGRAPHE 4

Un joyau aussi rare n’avait pu que parvenir à Eubée, très grande île de la Mer Égée, au palais du puissant roi Sifnos. Lorsque ce dernier eut la perle dans la main, il fut émerveillé par sa pureté et son éclat. Il demanda alors à son meilleur orfèvre de la sertir d’or et fit don du pendentif à sa fille Astypalia pour son dix-huitième anniversaire.
Sitôt le bijou autour du cou, Astypalia sentit une violente brûlure, comme si la perle cherchait à s’incruster dans sa chair. Elle demanda à son père :

- Père, d’où vous vient cette perle qui dégage tant de force ? 
- Que t’importe ma fille. Elle est digne de ta beauté, cela ne te suffit-il pas ?

Mais, jour après jour, Astypalia renouvelait la même question :

- Père, d’où vous vient cette perle si chère à mon cœur ? Je n’aurai de repos si je n’en connais point la provenance.

 

PARAGRAPHE 5

Alors le roi lui conta que la perle avait été achetée au Capitaine du vaisseau qui faisait escale dans le port de Karistos, qui, lui-même, la tenait d’un pauvre pêcheur d’une petite île des Cyclades. Astypalia semblait satisfaite, elle connaissait trop bien son père pour ne pas savoir qu’insister, ce serait encourir sa colère. Mais elle envoya sa fidèle servante questionner discrètement les marins faisant
  

tilos caique

 

C’est ainsi qu’Astypalia sut que la perle venait d’Amorgos, petite île isolée, à l’Est de la mer Égée, où le vaisseau avait fait étape en venant de Turquie.
La brûlure de la perle devenait chaque jour plus intense, accroissant le désir d’Astypalia de se rendre à Amorgos. Le demander à son père était inutile, il se fâcherait et la priverait de toute sortie en lui ordonnant d’oublier ses rêves stupides.

 

PARAGRAPHE 6

Alors, une nuit, vêtue d’un pantalon, d’une ample blouse, les cheveux camouflés sous un bonnet, Astypalia se dirigea vers le port en feignant de porter un sac de farine. Elle réussit à monter à bord du « Poséidon » et à se cacher derrière de gros cordages lovés sur le pont. Jamais elle n’était encore montée sur un bateau et son anxiété fut grande lorsqu’elle sentit la lourde masse s’ébranler sur l’eau, puis se balancer sur les vagues.


  

tilos mer

Lorsqu’elle se hasarda à glisser un œil hors de la cachette, elle vit l’équipage s’affairer à hisser les voiles et, lorsqu’un marin l’appela, elle saisit la drisse rugueuse qu’il lui tendait. Elle se mit, elle aussi, à tirer de toutes ses forces. Quelle étrange sensation, elle dont les doigts n’avaient su que jouer du clavecin ou manier l’aiguille de sa broderie. Si son père la voyait !
Elle avait soigneusement caché son pendentif sous sa chemise mais elle sentait la chaleur de la perle et se sentait pleine d’audace. Pour ne pas être trahie par sa voix, elle feignit pendant tout le voyage d’être muette et, oubliant son titre et ses prérogatives, elle mena la vie d’un marin ordinaire, prenant part à toutes les corvées, aidant à toutes les manœuvres.


Kalimnos Emborios

 

PARAGRAPHE 7

Et puis, un matin, dans la brume du soleil levant, de hautes falaises se profilèrent à l’horizon.
La perle la brûla si intensément qu’Astypalia n’eut aucun doute, ils arrivaient à Amorgos.
Au moment où « Poséidon » entrait dans la rade, Tilos allait quitter le quai de Katapola pour aller relever son filet. Il avait le cœur joyeux, comme si cette journée allait lui réserver une bonne pêche qu’il pourrait peut-être vendre à l’équipage de la belle goélette.

 

PARAGRAPHE 8

Lorsqu’Astypalia se retrouva sur le quai, son cœur tressaillit dans sa poitrine. Elle sortit pour la première fois depuis son départ le précieux pendentif et se dirigea vers les petites barques des pêcheurs affairés à nettoyer leurs filets. Tilos leva les yeux vers ce marin qui le regardait intensément et, immédiatement, il reconnut cette perle pleine d’éclat qui pendait au cou d’un marin. Il sauta hors de son bateau pour récupérer ce que ce dernier ne pouvait qu’avoir dérobé au Capitaine. Mais au moment où il saisissait le marin pour lui arracher le pendentif, les longs cheveux d’Astypalia s’échappèrent de son bonnet et Tilos qui avait maintenant la perle dans la main se trouva face à une merveilleuse jeune fille. Elle le regardait avec une infinie tendresse. Confus, il voulut lui rendre la perle mais ce n’était plus une seule perle qu’il tenait. Une centaine de ces bijoux s’écoulait de sa main, tombant sur son filet et encore plusieurs centaines, semblables à la perle qu’il avait un jour découverte dans le coquillage.

PARAGRAPHE 9

Le petit pêcheur était devenu très riche. Il acheta « Poséidon » le vaisseau qui lui avait amené tant de bonheur et ramena Astypalia chez son père pour lui demander la main de sa fille.
Quel ne fut pas la stupeur du roi en voyant entrer dans le port « Poséidon » battant pavillon royal et qu’il aperçut sa fille radieuse descendre la passerelle, suivie d’un élégant Capitaine.

Dénouement final et conclusion

Dire qu’ il lui pardonna bien vite est superflu, il avait eu tant de peine d’avoir perdu sa fille chérie. C’est le cœur en fête qu’il fit célébrer le mariage d’Astypalia et du petit pêcheur d’Amorgos devenu le Prince Tilos, le futur Roi.

Martine de Logos

  tilos masure

Deux types possibles de travaux d'écriturethermomètre

 

Utilisez les noms les plus évocateurs
Habillez-ces noms d'adjectifs pertinents
Choisissez les verbes les plus proches de l'action
Utilisez les mots complémentaires qui structurent les propositions entre elles.
Liez les phrases entre elles.

Faites que le lecteur puisse prolonger votre pensée !!!
Seule importe votre volonté de convaincre.
 
Mise en place du décor et de l'ambiance
 

Titre : Tilos un jeune pêcheur très pauvre

Notez les adjectifs choisis qui facilitent la visualisation les éléments du décor : vieille, petite, belles, vives, majestueux, vieux...

Titre : Tilos récolte une perle dans une huitre

Titre : Tilos vend la perle au capitaine du Poséidon.

Titre : Le roi rachète la perle et la donne à sa fille

Titre : La princesse veut connaître l’histoire de la perle

Titre : la princesse s’échappe du palais et embarque sur le Poséidon

Titre : Le bateau arrive dans le port de Tilos

La princesse rencontre Tilos et le miracle se produit.

Tilos rachète le Poséidon et ramène la princesse chez son père

Une fin heureuse


Les mots complémentaires
qui donnent la tonalité à chaque phrase :  Chaque, qu'il, juste assez, jamais, trop, encore, parmi.

Les mots clefs qui "accrochent" le lecteur : étonnement, perle, surnaturel, trouvaille, goélette, pièces d’or, pêche miraculeuse, magique, aimer.

La concordance des temps : le temps dominant est le passé (imparfait pour les actions longues, passé simple pour les actions brèves) mais il est possible d'employer aussi le conditionnel présent pour marquer une condition le mot "si" sous-entendu : "quiconque la porterait ne saurait aimer"

Le rythme du paragraphe : le dialogue direct. Bien citer les personnages qui s'expriment et à qui ils s'adressent pour faciliter la lecture: Père, ma fille...

Phase repos pour le lecteur après l'action provoquée par le dialogue dynamique. Les phrases sont plus longues, plus descriptives.

Les noms importants : Perle, Capitaine, vaisseau, pêcheur, colère, servante, marins, équipage

Les mots qui "accrochent" : brûlure, intense, accroissant, désir, rêves.

Changement de décor et état d'esprit : nuit, ample blouse, bonnet, port, Poseidon, cacher derrière cordages. anxiété, lourde, balancer, vagues.

Les mots pour décrire la vie à bord et la motivation ultime : hasarda, cachette, saisit, drisse rugueuse, clavecin, aiguille, tire, forces, chaleur de la perle, audace, marin, corvées, manœuvres.

Faire monter la pression avec des mots bien choisis : brûla, intensément,

Description du nouveu décor :Soleil levant, hautes falaises, Poséidon entrait dans la rade, Tilos allait quitter le quai.

Les verbes d'action efficaces : retrouva, tressaillit, sortit , se dirigea, leva, reconnut, sauta, saisissait, s’échappèrent, regardait, tenait, s’écoulait.

Les mots importants de la scène finale : riche, acheta, bonheur, demander la main de sa fille, royal, radieuse, élégant.

L'ouverture vers l'avenir : pardonna, cœur en fête, mariage, Prince, futur Roi.

Les noms clefs qui campent le décor avec leur adjectif qui précisent leur sens : île (petite, sauvage, râpée), fermiers, pêcheurs (pauvres), vie (difficile), mer (pas clémente).

Les noms clefs qui campent le décor avec leur adjectif qui précisent leur sens : île (petite, sauvage, râpée), fermiers, pêcheurs (pauvres), vie (difficile), mer (pas clémente).

L’histoire perdrait alors tout intérêt.

Faites le progresser dans la compréhension de votre intrigue.

Ne pas oublier cette règle de la narration : "Plus chaque paragraphe aura son propre objectif, son propre mystère, sa propre idée, plus l'envie de le lire, de le transformer en images mentales sera grande".