Comment aborder la notion de MODE en conjugaison?

Mode =manière d’envisager l’action du verbe à divers points de vue

Indicatif : mode de l’affirmation, de l’énonciation, de la certitude, de l’opinion, des faits, du réel, de la forte probabilité.

Conditionnel : c’est un complément de l’indicatif car, comme lui, il sert à affirmer.  Il exprime une condition, une action imaginaire, un conseil ou une demande.

Subjonctif : (étymologie: subordonné, attaché sous)

Mode de la possibilité, du doute, de l’incertitude, du souhait, de la très faible éventualité. Il exprime une action possible, un ordre, un souhait. Il est précédé de Que ou Qu’

L’indicatif et le subjonctif sont les modes essentiels ; le conditionnel est une dépendance de l’indicatif.

L’indicatif (ou le conditionnel) est le mode essentiel des propositions principales ou indépendantes.

L’emploi du subjonctif résiste dans les propositions subordonnées.

Dès que le sens de la subordonnée, induit par la principale ou par la conjonction, amène un fait constaté ou affirmé, aussi bien dans le futur qu’au le présent ou dans le passé, on utilise l’indicatif ou le conditionnel.

Selon le sens : lorsqu’il vient ou lorsqu’il venait, lorsqu’il est venu ou fut venu, lorsqu’il viendra ou sera venu, viendrait ou serait venu.

Après que est suivi de l’indicatif : l’action ou l’état dans la subordonnée sont avérés, sûrs, certains.

Avant que est suivi du subjonctif : l’action ou l’état dans la subordonnée sont incertains, douteux, seulement possibles ou envisagés.

Impératif: mode utilisé pour donner un ordre ou un conseil. Il se conjugue sans pronom, à trois personnes: 2ème personne du singulier, 1ère et 2ème du pluriel.

 

À quoi servent les temps ?

Les verbes sont conjugués différemment en fonction du rapport-temps qui les lie les uns aux autres.

Passé et futur par rapport à un moment présent. Mais aussi par rapport à un moment passé ou futur.

– En prenant le présent comme point de départ.

Le Présent est exprimé par le présent.

Le Passé peut être exprimé par 2 temps : le  Passé simple : il aima et le Passé composé (composé parce que auxiliaire avoir + participe passé du verbe conjugué) : il a aimé

Futur exprimé par le futur

-En prenant le passé comme point de départ,

Le « présent du passé » = imparfait. (Je fais telle chose=> À telle date, je faisais telle chose.)

Le « futur du passé »=périphrases (je devais faire) ou le conditionnel (je pensais alors que je réussirais)

Le « passé du passé »=> plus que parfait (j’avais fait telle chose)

ou le passé antérieur, comme son nom l’indique (quand il eut terminé, il partit)

 

– En prenant le futur comme point de départ,

Présent et avenir sont marquer par le même futur (Il passera son bac demain ou il passera son bac à 16 ans et ensuite il choisira une grande école)

Le passé se marque par le futur antérieur (À 16 ans, il aura passé son bac).

 

Comment aborder l’Indicatif?

Il faut d’abord rappeler les 8 temps de l’indicatif: Présent, imparfait, passé simple,passé composé, passé antérieur,plus que parfait, futur, futur antérieur.

Comment aborder le présent?

Présent (j’aime) : Le présent est utilisé pour plusieurs usages, situer les faits dans le moment présent, exprimer des faits valables de tout temps, ou encore raconter au présent des faits passés.

Ex : Nous déjeunons à midi peut signifier : nous déjeunerons à midi ou nous avons l’habitude de déjeuner à midi

*Action ou état qui existe au moment où on parle : j’ai faim. Je mange trop.  C’est le présent d’actualité ou présent d’énonciation

*Une habitude permanente qui peut remonter à un passé lointain et se prolonger dans le futur : j’aime la musique. Je mange trop. D’où l’usage dans les maximes et proverbes : qui se ressemble s’assemble.

*notion de durée, de permanence : Je t’ai déjà dit que je suis sourd.  C’est le présent de vérité générale. Il exprime des faits toujours vrais.

*présent historique: dans un récit au passé, on peut utiliser le présent pour attirer l’attention du lecteur (Il se promenait dans la forêt. Tout à coup, il entend passer un sanglier). C’est une figure de style un peu délicate. Il s’agit alors du présent de narration.

*présent = futur plus ou moins prochain, plus ou moins certain (je sors ce soir, je pars la semaine prochaine) ou périphrases au présent (je vais partir, je dois partir)

*Après « si » : si tu y vas, j’irai ou j’y vais.

 

Comment aborder l’imparfait?

Imparfait (j’aimais) : c’est le présent transporté dans le passé. L’imparfait est utilisé  pour exprimer une action qui dure, ou faire une description.Il est employé pour situer dans le passé des faits répétés, durables ou en train de se dérouler. c’est aussi le temps de la description dans le passé.

Il dit qu’il travaille -> il disait qu’il travaillait ; il a dit ou avait dit qu’il travaillait

*Mêmes emplois que le présent, le plus fréquent étant l’imparfait d’habitude.

(j’aimais la musique. Je t’avais dit que j’étais sourd. Je t’ai déjà dit que j’étais sourd)

*expression d’un passé antérieur proche du point de départ dans le passé avec les mêmes périphrases : je venais d’apprendre.

*comme atténuation du présent : je voulais vous dire que…, je venais vous dire que…

*futur grâce aux périphrases : j’allais partir, j’étais sur le point de partir, je devais partir.

*Après « si » : si tu y allais, j’y allais aussi (avec un sens ponctuel ou général).

  Comment aborder le passé simple?

Passé simple (ou passé défini) (j’aimai). Le passé simple est  souvent  le temps dominant dans les récits, les contes…Le passé simple exprime des actions qui se sont produites à un moment précis du passé, ou des actions isolées dans le passé souvent présentées dans leur succession.

*temps du récit, désuet dans la langue parlée (vous chantâtes…), exprime un passé entièrement achevé, sans considération des conséquences sur le présent=>temps du récit historique, de la narration.

*Succession de faits sans rapport avec le présent.

S’emploie principalement aux 3èmes personnes du singulier et du pluriel

Il aima, il reçut, il écrivit. Ils aimèrent, reçurent, écrivirent.

 

 Comment choisir entre le passé simple et l’imparfait?

Pour raconter des évènements passés, il faut choisir entre l’imparfait et le passé simple.

L’imparfait est choisit pour exprimer ce qui constitue “l’arrière-plan” du récit, le décor, la situation, les évènements qui sont en train de se dérouler, des personnages. L’imparfait sert  donc à décrire.

Alors que le passé simple exprime les péripéties, la succession d’action dans le temps. Comme ces péripéties font avancer l’action, elles sont nommées actions de “premier-plan”. Le passé simple sert donc  à introduire des faits soudains.

Pour savoir différencier certaines terminaisons du passé simple et de l’imparfait comme –ai et –ais , il suffit de faire un test avec la 3ème personne du singulier, la différence apparait tout de suite. Il aimait (imparfait)/ Il aima (passé simple)

Pour repérer les verbes au passé simple dans un texte mélangeant imparfait et passé simple, il suffit de les faire précéder d’un adverbe, comme “soudain”

  Comment aborder le passé composé?

Passé composé (ou passé indéfini) (j’ai aimé): Le passé composé est formé de l’auxiliaire être ou avoir et du participe passé du verbe conjugué.

*fait achevé à une époque indéterminé, généralement récente, avec des conséquences dans le présent

J’ai terminé mon travail ; je suis arrivé à mon but ; je l’ai vu hier, je l’ai vu aujourd’hui.

Encore un instant et j’ai fini.

*fait accompli dans un temps qui n’est pas achevé : je l’ai vu deux fois cette semaine ( différent de : je le vis la semaine dernière)

*fait antérieur au futur de la principale : je viendrai voir ce soir si vous avez fini.

La crainte fit les dieux, l’audace fit les rois, l’espoir a fait la république.

  Comment aborder le passé antérieur?

Passé antérieur (j’eus aimé):

*marque un fait passé qui en précède un autre, passé lui-même : Il s’en alla quand il eut fini (il a fini avant de partir) ou quand il s’en alla, il avait fini. Tout aussi désuet que le passé simple, on dit plutôt : Il est parti quand il a eu fini.

* Marque un futur dans le passé par rapport à un passé plus antérieur (noté par le plus que parfait).

Quand il termina, son frère était déjà parti.

*en proposition principale avec locution de temps : Il eut bientôt fini.

  Comment aborder le plus que parfait?

Plus que parfait (j’avais aimé) :

*s’emploie pour marquer une action passée antérieure par rapport à une action également passée.

Lundi dernier, il avait terminé.

Il dit qu’il a travaillé devient au passé : il disait qu’il avait travaillé.

*Après « si » : remplace le conditionnel passé

Si tu avais parlé, j’aurais parlé aussi.

*atténuation encore plus grande du présent

J’avais pensé que vous pourriez peut-être…

  Comment aborder le futur?

Futur (j’aimerai) : le futur situe une action dans l’avenir. Pour les verbes du 1er et du 2ème groupe, on ajoute les terminaisons du futur. Les verbes du 3ème groupe ont souvent leur radical modifié, exemple: venir=je viendrai

*Indique une action ou un état postérieur au moment où l’on parle

Je chanterai, je sauterai, je serai guéri

*Indique le futur d’un futur

Quand il sera arrivé, il vous dira

*Atténuation d’une affirmation :

Je vous dirai que… Je mettrai ma main à couper que… Ce sera probablement lui qui…

*Est le complément du présent de narration pour exprimer un futur dans le passé

Désormais, Paris sera la capitale de la France.

  Comment aborder le futur antérieur?

Futur antérieur (j’aurai aimé)

Il n’exprime jamais le futur par rapport au passé.

*marque un fait immédiatement antérieur à un fait futur, noté par une proposition ou par un adverbe de temps.

Il s’en ira quand il aura fini OU il aura fini quand il s’en ira OU il aura bientôt fini.

*marque une action antérieure au présent ou au futur

Vous avez bien fait de venir, cela m’aura permis de vous voir avant mon départ et vous ne serez pas venu inutilement.

Cette année aura eu cela de bon que… (quand elle sera finie)

Cet homme aura été de ceux qui… (quand il sera mort)

Le beau temps n’aura pas duré longtemps.

*se substitue au passé pour donner une explication seulement probable.

Il sera venu en mon absence et n’aura trouvé personne.

Vous aurez mal compris ce qui a été dit.

(Le résultat de la supposition ou le jugement définitif est remis à plus tard, dans le futur.)

 

Comment aborder le Conditionnel?

C’est un complément de l’indicatif car, comme lui, il sert à affirmer.

Il est utilisé dans la proposition principale, alors que dans la proposition conditionnelle, on utilise l’indicatif, sauf exceptions (si je l’avais rencontré, c’est tout au plus si je l’aurais salué)

C’est aussi l’imparfait du futur, le futur dans le passé et donc utilisé dans une proposition subordonnée à une autre dont le verbe est à un temps du passé.

Il dit qu’il viendra => il disait/a dit/avait dit qu’il viendrait

Il dit qu’il aura fini=>il disait/a dit/avait dit qu’il aurait fini

Je demande s’il aura fini=>j’ai demandé s’il aurait fini

et

le conditionnel proprement dit, qui exprime un fait possible, réalisable dans le futur, mais incertain ou qui a toute chance de ne pas se produire, parce que le futur peut être subordonné à une condition.

Il viendrait si on l’en priait. Futur probable, réalisable

Je vous donnerais de l’argent si j’en avais : l’idée de futur a complètement disparue.

1/ Si j’avais de l’argent (en ce moment), je vous en donnerais (conditionnel présent)

Si j’avais de l’argent (en général), je vous en aurais donné (conditionnel passé)

2/ Si j’avais de l’argent demain, je vous en donnerais (conditionnel futur, identique au conditionnel présent) : possible bien qu’improbable.

3/ Si j’avais eu de l’argent, je vous en aurais donné (conditionnel passé)

S’il avait été plus prudent, il vivrait encore (conditionnel présent)

Après une proposition conditionnelle

Si je pouvais trouver une (ou la) fontaine où il y a de l’eau potable : la fontaine existe et je la cherche.

Si je pouvais trouver une fontaine où il y ait de l’eau potable : l’existence de la fontaine est improbable.

Avec « même si », le conditionnel sert à énoncer un fait qui se réalise, se réalisera ou s’est réalisé :

Même si j’avais de l’argent, je m’en irais OU même si j’avais eu de l’argent, je serais parti.

 

Conditionnel de concession

Après « quand », « quand bien même », « lors même » ou sans conjonction

Quand il aurait travaillé dix fois plus, il n’en serait pas devenu (ou n’en deviendrait pas) plus riche.

Quand il devrait mourir, il n’en démordrait pas (ou n’en démordra pas).

Quand je serais dix fois plus riche, vous n’auriez (ou n’aurez) pas un sou de moi.

Il aurait beau travaillé dix fois plus qu’il n’en serait pas plus riche.

Dans « Aurait-il travaillé dix fois plus, qu’il n’en aurait pas été plus riche » l’inversion remplace la conjonction sous entendue : même si, lors même que.

 

Conditionnel sans condition

Avec « mais », « à ce compte », « à l’entendre », « sans vous » et autres tournures.

Je vous donnerais bien de l’argent, mais je n’en ai pas.

Je l’aurais fait volontiers, mais je n’ai pas pu.

Je serais bien fâché d’apprendre

En l’avertissant, vous lui rendriez service.

À ce compte, je devrais lui dire que…

Atténuation du désir, d’un conseil, d’une nécessité :

J’aurais voulu…Il faudrait sans doute, vous devriez, Je souhaiterais, je désirerais fort que…

Il ne ferait pas de mal à une mouche.

Je préfèrerais qu’on ne le fasse pas (avis, conseil) différent de : Je préfèrerais qu’on ne l’eût pas fait.

Vous auriez pu ou dû le faire = vous pourriez ou devriez l’avoir fait.

Je n’aurais jamais cru que je m’en tirerais : incorrect

Préférer : J’ai cru ou je croyais que je ne m’en tirerais jamais.

Pour rapporter un bruit qui court (emploi du conditionnel présent ou passé) Émile arriverait bientôt, Jules aurait gagné au loto. Serait-il à Paris ? Moi, je serais capable d’un tel crime !

Dans une subordonnée : On prétend que cela se serait passé de telle façon.

Amusant : 14 façons d’exprimer la même idée, subordonnée logiquement à une condition qui n’a pas été réalisée, avec ou sans conditionnel :

Si j’avais joué cœur, j’aurais gagné

Si j’avais joué cœur, je gagnais OU j’avais gagné

Si je jouais cœur, je gagnais OU j’avais gagné

Si je joue cœur, je gagne OU j’ai gagné

En jouant cœur, je gagne OU j’ai gagné OU je gagnais

Que je joue cœur, j’avais gagné OU je gagnais OU je gagne OU j’ai gagné.

 

Comment aborder l’Impératif ?

Mode du commandement, volonté, conseil, souhait.

* Pas de première personne du singulier.

On utilise un biais : la première personne du pluriel

Quand j’ai vu cela, je me suis dit : imitons-le.

Faisons semblant de ne rien avoir vu

OU la deuxième personne du singulier

Je me suis dit : Mon petit, tu n’as rien fait de bon, recommence-moi tout cela.

* En guise d’atténuation : emploi de 1ère personne du singulier

Au lieu de Ne soyez pas ou ne sois pas si brutal, on peut utiliser : ne soyons pas si brutal (brutal garde la marque du singulier).

Pour la troisième personne, on utilise le subjonctif :

Qu’il vienne me voir, qui m’aime me suive, Dieu vous garde, à Dieu ne plaise, advienne que pourra, comprenne qui pourra,

 

Comment aborder le Subjonctif (étymologie: subordonné, attaché sous) ?

Mode de la possibilité, du doute, de l’incertitude

Rarement utilisé hors d’une proposition subordonnée, puisqu’il n’affirme pas.

*Forme d’impératif présent à la 3ème personne, faute d’impératif normal : Puissè-je, puissions-nous, puissent-ils.

Puisse votre vœu être exaucé.

*Utilisation identique au conditionnel pour repousser une hypothèse, ou apprécier un fait avec surprise ou indignation :

Moi, que j’aille là-bas !

Qu’il se soit oublié à ce point ! que je vous raconte cette histoire.

Sous entendu, vous voulez, vous prétendez, est-il possible que, il faut que => donc subordination réelle.

*Dans l’expression je ne sache pas que, le subjonctif accentue le doute, l’incertitude, par rapport à je ne sais pas que.

*Que je sache (=autant que je puis savoir) : s’utilise après une principale négative. Il n’est pas venu, que je sache.

*Après une principale négative :

Il n’a rien fait qui ne fût OU qui ne soit OU qui n’ait été parfaitement juste alors que Tout ce qu’il a fait était-il OU est-il OU a-t-il été parfaitement juste?

Nul ne contesterait OU n’aurait contesté qu’il fût OU qu’il soit OU qu’il ait été un honnête homme.

 

Concordance des temps au subjonctif:

Le subjonctif comporte 4 temps, qui ont tendance à se réduire à deux, mais le maintien de la troisième personne du singulier rend encore indispensable la connaissance des règles.

Les règles peuvent se ramener commodément à deux cas généraux, même si le temps du subjonctif n’est pas commandé par celui de la principale mais par la pensée que l’on veut exprimer.

1) : le verbe de la proposition dont dépend celle au subjonctif est au présent ou au futur => subjonctif au présent ou passé, suivant le sens.

J’attends ou j’attendrai qu’il vienne ou soit arrivé

Quand j’aurai attendu pendant une heure qu’il vienne OU qu’il soit arrivé, je m’en irai.

Je ne crois pas qu’il vienne demain OU qu’il soit venu avant trois jours.

Je doute fort que cela lui soit permis.

2) Le verbe du la proposition dont dépend celle au subjonctif est à un temps passé ou au conditionnel=> subjonctif subordonné à l’imparfait ou plus que parfait, surtout si le subjonctif représente un imparfait ou un plus que parfait.

J’attendais, j’attendis, j’ai attendu, j’avais attendu, j’attendrais ou j’aurais attendu qu’il vînt OU qu’il fût arrivé.

J’espérais qu’il viendrait ou qu’il serait arrivé DEVIENT Je n’espérais pas qu’il vînt OUqu’il fût arrivé.

Je crois qu’il était déjà là DEVIENT Je ne crois pas qu’il fût déjà là.

Aurait-il réussi ? Je doute fort qu’il eût réussi

3) Certaines propositions dont les verbes sont au présent ou au futur peuvent être suivies d’une subordonnée dont le verbe peut être à n’importe lequel des quatre temps du subjonctif, selon le sens ;

Je doute fort OU je douterai toujours qu’il eût réussi.

Je doute fort que cela lui soit permis ou fût permis.

Je ne crois pas qu’il fût déjà là OU qu’il eût déjà fini.

MAIS, d’abord dans la langue parlée, puis à l’écrit, RÉPUGNANCE DE PLUS EN PLUS GRANDE À UTILISER L’IMPARFAIT ET LE PLUS QUE PARFAIT DU SUBJONCTIF, (que nous amassassions, que nous chauffassions, que vous mentissiez…)

sauf pour les deux formes eût et fût, notamment en poésie :

Que vouliez-vous qu’il fît ?

Ils sont remplacés par l’indicatif, ou par le présent du subjonctif lorsque le subjonctif est indispensable.

J’aurais dû attendre qu’il vînt OU fût arrivé devient J’aurais dû attendre qu’il vienne OU soit arrivé.

Il fallait qu’il l’aimât beaucoup devient il fallait qu’il l’aime beaucoup.

Il fallait qu’il prît devient il fallait qu’il prenne…

 

Comment aborder l’usage des modes dans les subordonnées?

RAPPEL : L’indicatif et le subjonctif sont les modes essentiels (l’impératif est limité, le conditionnel est une dépendance de l’indicatif).

L’indicatif est le mode essentiel des propositions principales ou indépendantes.

L’emploi du subjonctif résiste surtout dans les propositions subordonnées, même si on peut le rencontrer dans des indépendantes ou des principales.

Propositions relatives :

1) elles ont un caractère affirmatif, l’antécédent est déterminé, la relative exprime un fait => indicatif

L’homme qui est venu.

Ce que j’ai vu, dont j’ai parlé.

Voilà qui est surprenant.

Ai-je dit les choses qu’il fallait dire ?

Je prendrais ce chemin qui est plus court.

Il faut se méfier du chat qui dort.

Qui ne tente rien n’a rien.

C’est le plus grand que je connais

2) Antécédent indéterminé=> la relative exprime une intention, un désir, une capacité, une possibilité DONC utilisation du subjonctif :

Il nous faut un chef qui sache commander.

Il y a peu de chefs qui sachent commander.

C’est le plus grand que je connaisse (mais il peut en exister des plus grands que je ne connais pas).

Je voudrais bien trouver une fontaine où il y ait de l’eau potable (la fontaine est une hypothèse, un souhait ; sens différent de : je connais une fontaine où il y a de l’eau potable, phrase dans laquelle la fontaine est réelle)

Je ne connais pas une fontaine où il y ait de l’eau potable (fontaine indéterminée => différent de je ne connais pas la fontaine où il y a de l’eau potable (fontaine déterminée).

D’où, bien sûr, si la principale est interrogative, l’utilisation du subjonctif dans la subordonnée : peut-on trouver ici une fontaine où il y ait de l’eau potable ?

3) Après une principale interrogative (ignorance)=>subjonctif : choisit-il des solutions qui soient plausibles ? sauf après y a-t-il quelqu’un ?

4) Après une principale négative=> selon le sens : Je ne connais pas de fontaine où il y ait de l’eau (l’existence de la fontaine est incertaine) OU je ne connais pas de fontaine où il y a autant d’eau que dans celle-ci (la fontaine est connue, déterminée).

Propositions complétives introduites par que

Selon le sens, sauf exceptions d’usage,

Je suppose qu’il est venu : quasi certitude

Supposons qu’il soit venu : hypothèse

Je suis d’avis qu’il vienne différent de je suis d’avis qu’il viendra.

*l’indicatif ou conditionnel après un verbe exprimant la certitude, énonciation, affirmation, opinion ou la forte probabilité.

Avec le conditionnel et l’indicatif dans la proposition principale, on peut utiliser n’importe quel temps dans la subordonnée. C’est l’idée que l’on veut exprimer qui commande le choix.

Je crois, je croirai, je croirais qu’il vient, qu’il venait, qu’il vint, qu’il est venu, qu’il était venu, qu’il viendra, qu’il sera venu, qu’il viendrait, qu’il serait venu.

Je décide que nous partirons demain, j’ai décidé que nous partirions demain.

Je croyais, j’ai cru, j’avais cru, je croirais, j’aurais cru qu’il venait, qu’il était venu, qu’il viendrait ou qu’il serait arrivé.

Ils ont affirmé qu’ils étaient ou qu’ils sont satisfaits. Il estimait qu’un tien vaut mieux que deux tu l’auras. Je vous ai dit et répété qu’il viendra.

*le subjonctif présent ou passé, l’imparfait devenant désuet, pour marquer l’éventualité, l’incertitude, l’hypothèse (si j’avais su qu’il fût là), le doute (j’ai peine à croire qu’il vienne demain. Je doute fort qu’il eût réussi).

L’indicatif imparfait empiète parfois sur le subjonctif (je ne croyais pas qu’il était venu)

Les soldats criaient qu’on les menât au combat, qu’ils voulaient venger la mort de leur père, de leur général, qu’on les laissât faire, qu’ils étaient furieux (Mme de Sévigné) : Les verbes à l’indicatif sont des affirmations. Les subjonctifs sont des hypothèses.

D’où le subjonctif après une principale négative.

Je crois qu’il était déjà là OU qu’il avait déjà fini=>je ne crois pas qu’il fût déjà là OU qu’il eût déjà fini.

Propositions circonstancielles de lieu, introduites par où

Le verbe est à l’indicatif

Propositions circonstancielles de cause, effet, motif, ou intention, introduites par parce que, puisque, vu que, attendu que, étant donné que, par la raison que, pour ce motif que, sous prétexte que, comme (en tête de phrase) : on constate un fait. Elles répondent à la question « pourquoi ? »

Le verbe est à l’indicatif ou au conditionnel

J’ai fait cela parce que je l’ai voulu, parce qu’on me l’a demandé.

Si je suis venu c’est que vous me l’avez demandé.

que après les verbes ou locutions verbales qui expriment un sentiment ou un mouvement de l’âme : subjonctif

Il est heureux, bon, convenable, équitable, honteux, regrettable, fâcheux, étonnant, désolant que vous l’ayez dit.

Je me plains qu’il ne soit pas venu.

DIFFÉRENT DE je me plains de ce qu’il n’est pas venu (relative, complément de ce)

Je m’étonne, me réjouis que vous ne l’ayez pas fait.

DIFFÉRENT DE Je m’étonne parce que vous ne l’avez pas fait (causale). Je me réjouis de ce qu’il est venu ou viendra (proposition relative). Je m’étonne de ce qu’il est encore là (proposition relative).

Je suis sidéré par ce que j’ai entendu (proposition relative)

 

Propositions circonstancielles de conséquence introduites par : de(en) sorte que, de manière que, de façon que, au point que, de telle manière que, de telle façon que, à tel point que, tellement, si, tant… que, si bien que

Le verbe est à l’indicatif.

Il est étourdi au point qu’il peut très bien oublier vos recommandations.

Vous avez fait de telles imprudences que vous serez malades.

Lorsque la principale est négative ou interrogative, indicatif ou subjonctif.

Il n’en résulte pas que vous soyez ou que vous serez malade.

SAUF : on ne l’a pas battu au point qu’il en soit malade

Il n’est pas tellement étourdi qu’il puisse (ou ait pu) oublier.

Et si le verbe de la principale est à l’impératif ou au futur hypothétique, parce que la conséquence n’est plus affirmée ni sûre :

Faites en sorte (ou vous ferez en sorte) qu’on soit content de vous : la conséquence est un but à atteindre, avec un degré d’incertitude DIFFÉRENT DE Il a agi de manière (ou de telle sorte) qu’on a été content de lui,

Il se conduira de manière (de telle sorte) qu’on sera content de lui, où la conséquence est sûre.

 

Propositions circonstancielles de but (Intention, but, fin) introduite par : pour que, afin que, de peur que, de crainte que. Elles répondent à la question « dans quelle intention ? »

Toujours au subjonctif parce que notion de futur incertain.

Je lui écris pour qu’il vienne.

Je vous ai écrit de peur que vous n’arriviez avant moi.

Viens ici (afin) que je t’apprenne à vivre.

 

Propositions circonstancielles de temps :

Indicatif

En cas de rapport de simultanéité ou d’antériorité amené par la conjonction (lorsque, une fois que, après que)

Les chauves-souris sortent après que le soleil s’est couché.

Subjonctif

Lorsque la conjonction amène un fait postérieur à un autre (avant que, en attendant que, jusqu’à ce que, etc.)

 

Propositions comparatives (plus… que, autant… que, moins… que, tel que, comme, même que, autre que, ainsi que, autant que, tant que, en tant que, à mesure que, selon que, d’autant plus que, d’autant moins que, etc.) :

Indicatif ou conditionnel

Il est plus grand que vous n’êtes ; je vous traite comme je traite (ou traiterais) un frère

 

Propositions circonstancielles de concession (ou restriction) : quoique, bien que, encore que, etc.

« Malgré que » : usage à éviter. La confusion vient de la contraction de « mal gré que j’en aie », équivalant à « mauvais gré que j’en aie ».

Indicatif chez les classiques, Subjonctif depuis longtemps.

Certaines tournures peuvent être lourdes ; préférez : j’irai et cependant (OU néanmoins OU toutefois)j’aimerais mieux à j’irai quoique j’aimasse mieux.

À NOTER : il est si étourdi qu’il oublie tout ET Si étourdi qu’il soit, il n’oublie pas tout. (« aussi étourdi qu’il soit » est incorrect, car aussi = égalité)

« Tout juste qu’il est » DIFFÉRENT DE « si juste qu’il soit ».

Propositions circonstancielles de manière (sans que) : subjonctif

Nous arrangerons cette affaire sans qu’il le sache.

 

Propositions conditionnelles

Indicatif si la conjonction est « si »

Si + présent ou passé : pas de besoin de recherche de concordance des temps. C’est le sens qui commande.

SI on me doit de l’argent, on vous en doit aussi

Si j’ai de l’argent chez moi, je vous en donnerai

S’il est exact, il arrive en ce moment OU il est déjà venu OU il sera ici dans un instant.

S’il est exact, il était prêt OU il avait terminé OU il aura terminé dans deux heures.

S’il doit venir à deux heures, il est déjà parti OU il part en ce moment OU il partira dans un instant.

Si + imparfait ou plus que parfait lorsque le verbe de la principale est au conditionnel.

Si j’avais de l’argent, je vous en donnerais OU je vous en aurais donné.

S’il avait été plus prudent, il n’aurait pas été tué OU il vivrait encore

SAUF : si vous veniez me voir pendant mon absence, attendez-moi.

À NE PAS CONFONDRE AVEC L’INTERROGATION INDIRECTE : Je m’inquiète de savoir s’il viendra = est-ce qu’il viendra, je m’en inquiète.

Au cas où, dans le cas où, pour le cas où + indicatif.

Que et les conjonctions composées de que (si tant est que, supposé que ou à supposer que, pourvu que, à condition que, à charge que, à moins que) + subjonctif

Si j’ai de l’argent et que je le perde, c’est mon affaire.

Que je sorte, on m’arrêtera

Qu’il vienne du secours, nous sommes sauvés.

Qu’il fît (ou qu’il eût fait) le moindre excès, il était mort.

Je voudrais savoir s’il viendrait à supposer qu’on l’invitât OU s’il serait venu à supposer qu’on l’eût invité.

Je ne saurais sortir qu’il ne me l’ait permis OU qu’il ne me le permette.

  Comment continuer à trouver des informations sur la conjugaison?

Certains sites peuvent également vous aider, car les astuces ne sont jamais exhaustives, il y a toujours des idées supplémentaires qui peuvent venir s’ajouter, alors à vous de jouer.

http://platea.pntic.mec.es/cvera/hotpot/subjonctif_emplois.pdf

http://www.francaisfacile.com/exercices/exercice-francais-2/exercice-francais-56159.php

http://lesgerboises.blogspot.fr/2008/01/propositions-circonstancielles.html

  Comment rendre poétique la conjugaison?

Enfin, pour clore cette partie, je ne résiste pas à l’idée de  vous donner en lecture ce si joli texte d’Yves Duteil, qui vous fera voir, le verbe être et le verbe avoir sous un jour nouveau.

Quelle belle langue que la nôtre !

Loin des vieux livres de grammaire,

Écoutez comment un beau soir,

Ma mère m’enseigna les  mystères

Du verbe être et du verbe avoir.

Parmi mes meilleurs auxiliaires,

Il est  deux verbes originaux.

Avoir et Être étaient deux  frères

Que j’ai connus dès le berceau.

Bien qu’opposés de caractère,

On pouvait les croire jumeaux,

Tant leur histoire  est singulière.

Mais ces deux frères étaient rivaux.

Ce qu’Avoir aurait voulu être

Être voulait toujours l’avoir.

À ne vouloir ni dieu ni maître,

Le verbe Être  s’est fait avoir.

Son frère Avoir était en banque

Et faisait un grand  numéro,

Alors qu’Être, toujours en  manque.

Souffrait beaucoup dans son ego.

Pendant qu’Être apprenait à lire

Et faisait ses humanités,

De son côté sans  rien lui dire

Avoir apprenait à compter.

Et il amassait des fortunes

En avoirs, en liquidités,

Pendant qu’Être,  un peu dans la lune

S’était laissé  déposséder.

Avoir était ostentatoire

Lorsqu’il se montrait généreux,

Être en revanche, et c’est  notoire,

Est bien souvent présomptueux.

Avoir voyage en classe Affaires.

Il  met tous ses titres à l’abri.

Alors qu’Être est  plus débonnaire,

Il ne gardera rien pour  lui.

Sa richesse est tout intérieure,

Ce sont les choses de l’esprit.

Le verbe Être est tout en pudeur,

Et  sa noblesse est à ce prix.

Un jour à force de chimères

Pour parvenir à un  accord,

Entre verbes ça peut se faire,

Ils conjuguèrent leurs efforts.

Et pour ne pas perdre la face

Au milieu des mots  rassemblés,

Ils se sont répartis les  tâches

Pour enfin se réconcilier.

Le verbe Avoir a besoin d’Être

Parce qu’être, c’est exister.

Le verbe Être a besoin d’avoirs

Pour enrichir ses bons côtés.

Et de palabres interminables

En arguties alambiquées,

Nos deux frères inséparables

Ont pu être et avoir été.

Yves Duteil

 

Et puis  pour conclure, vous pouvez aussi retenir:Oublie ton passé, qu’il soit  simple ou composé,

Participe à ton Présent pour que ton  Futur soit Plus-que-Parfait.”